Un billet pour Rome, composté à la nuit tombée sur le quai silencieux de Paris-Gare de Lyon. L’idée a de quoi faire vibrer même les cœurs les plus rationnels : traverser les Alpes sous la lune, bercé par le roulis d’un train-couchette, sans jamais quitter la douceur des draps. Pendant que les avions rayent le ciel à la chaîne, l’appel du rail vers l’Italie résonne comme une promesse qu’on croyait presque oubliée.
Certains gardent encore en mémoire le cliquetis des bogies, la lumière blafarde d’un couloir de wagon, l’odeur du café qui signale l’approche de Milan. Mais ces images appartiennent-elles à l’album des souvenirs ou existe-t-il encore une passerelle nocturne entre la France et sa voisine latine ?
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Plan de l'article
Panorama des trains de nuit entre la France et l’Italie
La France et l’Italie, piliers du réseau des trains de nuit en Europe, ont longtemps partagé cette aventure ferroviaire nocturne. Les Intercités de nuit de la SNCF continuent d’irriguer plusieurs grandes villes françaises ; pourtant, la liaison directe avec l’Italie, jadis assurée par Thello, s’est volatilisée en 2021. Les amoureux du Paris-Venise doivent désormais jongler avec une offre fragmentée, où chaque correspondance s’improvise.
Le tracé du train de nuit France-Italie ressemble aujourd’hui à une constellation incomplète. Pour rejoindre Milan ou Rome depuis Paris, il faut s’armer d’ingéniosité : détour par l’Allemagne ou l’Autriche, puis embarquement à bord d’un Nightjet autrichien – direction Berlin, Munich ou Vienne, avant de plonger vers la péninsule. Aucun raccourci : la nuit sur les rails franco-italiens se mérite.
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- Pas de ligne directe Paris-Italie à l’horizon : la SNCF n’envoie plus aucun Intercités de nuit au-delà des frontières alpines.
- Le réseau Nightjet prévoit des trains nocturnes Munich-Milan et Vienne-Milan, accessibles après une escale à Munich pour les voyageurs venus de France.
- Quelques compagnies privées, dont European Sleeper, laissent entrevoir de futurs parcours, mais sans calendrier précis.
Le voyage en train de nuit entre la France et l’Italie garde donc un parfum d’initié : il faut composer, anticiper, parfois improviser. Le réseau européen multiplie les variantes, mais le trait d’union direct entre Paris et les villes italiennes demeure effacé, attendant mieux qu’un hypothétique retour.
Existe-t-il aujourd’hui une liaison ferroviaire nocturne directe ?
Le mythe du train de nuit France-Italie en service direct appartient désormais à l’histoire. Depuis l’arrêt de la ligne Thello reliant Paris à Venise en juillet 2021, aucun opérateur ne propose plus de trajet nocturne direct entre Paris et Milan, ni Paris et Venise. Les rêveurs qui espèrent s’endormir à Paris et ouvrir les yeux sur la lagune devront composer avec les correspondances.
Quelques itinéraires restent possibles, à condition de passer par des trains de nuit étrangers :
- Le Nightjet autrichien, via Munich, offre une porte d’entrée vers Milan ou Venise – mais la continuité se perd au change.
- Les Intercités de nuit SNCF couvrent le territoire français, mais aucun départ Paris ne franchit la frontière italienne.
Pour y voir plus clair, voici un tableau des options actuellement sur la table :
Départ | Arrivée | Ligne directe ? | Compagnie | Correspondance |
---|---|---|---|---|
Paris | Milan | Non | SNCF + Nightjet | Munich |
Paris | Venise | Non | SNCF + Nightjet | Munich |
Préparer ce voyage réclame donc vigilance et organisation : les billets s’arrachent parfois vite, les horaires de train de nuit changent d’une saison à l’autre. Ceux qui espèrent le retour d’une ligne directe devront patienter : à ce jour, pas la moindre annonce concrète en vue.
Ce que révèlent les projets et annonces pour les prochaines années
Le monde ferroviaire européen frémit d’ambitions autour du train de nuit. Entre compagnies publiques et initiatives privées, le ciel s’éclaircit. European Sleeper, opérateur néerlandais, a déjà inauguré la liaison Bruxelles-Berlin en 2023 et vise Prague. Côté français, la SNCF réactive peu à peu ses Intercités de nuit, tandis que l’État affiche sa volonté de renforcer les connexions internationales nocturnes.
Pour 2025, la SNCF et Trenitalia étudient de nouveaux axes. Les rumeurs évoquent une possible ligne Paris-Venise, mais aucun engagement n’a filtré. La TGV Inoui Italie, qui relie déjà Milan en journée via Lyon et Turin, pourrait inspirer une déclinaison nocturne. Quant à Rome, le projet reste suspendu dans les limbes des discussions.
- En décembre 2023, Deutsche Bahn et ÖBB ont lancé leur Nightjet Paris-Berlin, amorçant la densification des trains de nuit en Europe.
- Des négociations sont en cours pour relier Zurich, Barcelone ou Amsterdam ; mais l’Italie demeure, pour l’instant, l’angle mort du réseau nocturne.
L’élan européen pour le voyage en train de nuit pourrait bien relancer la connexion France-Italie. L’attente reste palpable, tant chez les voyageurs réguliers que chez les professionnels du tourisme et les partisans d’une mobilité plus responsable.
Alternatives et conseils pour voyager de nuit entre les deux pays
À défaut d’un train de nuit direct France-Italie, les férus de rail peuvent encore jouer la carte du contournement. Le réseau européen, malgré ses lacunes, permet quelques itinéraires ingénieux.
- Optez pour un Intercités de nuit SNCF jusqu’à la frontière sud-est – Briançon ou Nice, par exemple – puis enchaînez avec un train régional italien vers Turin, Milan ou Gênes. Préparez-vous à des horaires parfois capricieux et à l’absence de synchronisation parfaite.
- Cap sur Zurich ou Munich en Nightjet de l’ÖBB, avant de descendre vers l’Italie avec le lever du jour. Ce choix ouvre la porte à Milan, Venise, Florence, et plus encore.
Pour les voyageurs adeptes de liberté, le pass Interrail reste une carte maîtresse. Il facilite la transition d’un opérateur à l’autre et donne accès à un vaste réseau de trains de nuit en Europe. Attention : pour certaines lignes, il faudra réserver une voiture-lit ou un compartiment couchette, parfois très prisés selon la saison.
Pour réserver vos billets, privilégiez les sites officiels (SNCF Connect, Trenitalia, ÖBB Nightjet) ou les comparateurs spécialisés. Les tarifs varient fortement selon l’anticipation et la souplesse des dates. Les familles, elles, trouveront dans les cabines privatives un cocon rassurant, surtout avec de jeunes enfants.
Voyager en train de nuit, c’est choisir une parenthèse : le temps s’étire, la lecture et la contemplation reprennent leurs droits, les rencontres aussi. Sur ces rails, chaque trajet devient plus qu’un simple déplacement : une traversée, une attente, une promesse suspendue. Demain, la nuit retrouvera-t-elle son chemin jusqu’à Rome ?